Revitalisation et protection contre les érosions de l’Allaine en milieu bâti à Boncourt (JU)
L’Allaine à l’entrée du village de Boncourt s’écoule dans un espace contraint entre les usines BAT et la gare et les voies CFF. En rive gauche, du côté des usines BAT, deux érosions menaçaient les conduites souterraines et la stabilité du bâtiment. La commune souhaitait donc agir afin de protéger les éléments bâtis contre l’érosion. Cependant, ces érosions, vues comme une menace par l’homme, ont été vues comme une aubaine pour le Martin-pêcheur d’Europe (Alcedo atthis). En effet, cette espèce menacée au niveau Suisse (statut Vulnérable sur la liste rouge des Oiseaux nicheurs de Suisse) creuse des galeries dans les parois de sols meubles afin de s’y installer pour la nidification. Ces sites se faisant rares dans les milieux naturels, le Martin-pêcheur en a profité pour s’installer sur l’érosion à Boncourt.
Les berges du cours d’eau avaient été à l’époque stabilisées avec des enrochements et des seuils avaient été aménagés sur le linéaire. Les objectifs visés consistent donc d’une part à éliminer les dangers en lien avec l’érosion des berges et d’autre part à revitaliser, diversifier les milieux aquatiques et riverains et remplacer le site de nidification du Martin-pêcheur. Pour répondre à ces objectifs, les mesures principales suivantes ont été mises en place à partir de mai 2023 :
- En rive gauche (côté bâtiments), stabilisation des secteurs d’érosion au moyen de techniques mixtes combinant enrochements (constitués de blocs récupérés) et de techniques de stabilisation issues du génie biologique. Dans les interstices entre les blocs, deux nichoirs à Martin-pêcheur ont été intégrés à l’aménagement.
- Suppression des seuils qui garantit le rétablissement des possibilités de migration de la faune piscicole en tout temps. Au pied des anciens seuils, les zones profondes servant de refuges pour les poissons (vairons, barbeaux et truites principalement) ont été préservées.
- En plus de diminuer les forces érosives contre les berges, le réaménagement des épis (amas de blocs) combiné à la mise en place de structures végétales de diversification à l’intérieur du lit permettent une diversification des régimes d’écoulement tout en garantissant un écoulement préférentiel lors des périodes de basses eaux.
- En rive droite (côté CFF), les stabilisations ont été éliminées en les concassant sur site et les remettant en place pour constituer, avec l’apport d’alluvions, des terrasses alluviales en partie érodables.
- En complément aux aménagements aquatiques, un effort a également été consenti pour améliorer l’attractivité écologique des berges et des rives au moyen de plantations et par la mise en place de microstructures.
- En amont du secteur d’intervention, en dehors de la zone bâtie, création d’une nouvelle falaise à Martin-pêcheur, en s’assurant que celle-ci présente une hauteur suffisante afin de garantir une nidification hors crue et empêche les accès aux prédateurs.
Les travaux ont été favorisés par des conditions météorologiques optimales. L’utilisation d’engin spécifique telle que la pelle araignée a permis de limiter les atteintes au milieu aquatique. Les travaux se termineront au printemps 2024 avec l’ensemencement des berges et des rives retravaillées. Une petite inauguration est prévue lors de la prochaine fête de printemps de Boncourt.
Maître d’ouvrage : Commune de Boncourt
Travaux réalisés par : PMB Construction SA (terrassement et génie civil) et Ribeaud Paysages Sàrl (génie biologique)
- Etat initial (2020) – Vue aérienne de l’Allaine avec en rive gauche les usines BAT et en rive droite les voies CFF. Les deux érosions menaçant les conduites et le bâtiment sont entourées en rouge.
- Plan de détails des aménagements (extrait d’un seuil en situation) réalisés lors des travaux de correction de l’Allaine à la fin des années 80.
- Etat initial (juillet 2021) – L’Allaine en crue avec un débit de 60 m3/s
- Etat initial (février 2021) – Zone d’érosion principale sur la berge gauche avec les enrochements dispersés au fond du lit.
- Etat initial (mars 2023) – Zone d’érosion principale sur la berge gauche au pied du seuil.
- Travaux (juin 2023) – Stabilisation (enrochements) du secteur d’érosion au moyen de blocs récupérés sur site.
- Etat réalisé (juillet 2023) – Finalisation de la mesure de stabilisation (techniques mixtes) avec la mise en place du lit de plants en plançons au-dessus de l’enrochement.
- Travaux (juin 2023) – Mise en place de nichoirs artificiels à Martin-pêcheur au niveau de l’érosion qui était utilisée par l’espèce pour la nidification.
- Etat initial (mai 2023) – Seuil en blocs et zone de l’érosion principale sur la berge gauche.
- Travaux (juin 2023) – Secteur du 2ème seuil : suppression de la partie centrale du seuil et mise en place de l’enrochement de stabilisation au niveau de l’érosion.
- Travaux (juin 2023) – Aménagements réalisés au moyen d’un engin spécifique (pelle araignée) et mise en place des blocs depuis la berge.
- Etat initial (février 2021) – Seuil et érosion visible au fond à gauche.
- Etat réalisé (janvier 2024) – Seuil partiellement déconstruit et érosion stabilisée en rive gauche.
- Etat réalisé (janvier 2024) – Des buissons ont été plantés et des microstructures ont été mises en place dans la berge.
- Etat réalisé (janvier 2024) – Banc de poissons (Chevaine commun-Squalius cephalus) évoluant dans une des zones profondes conservées
- Etat initial (septembre 2022) – Vue amont du secteur d’intervention.
- Etat réalisé (juin 2023) – Vue amont du secteur d’intervention : amélioration de la morphologie et réaménagement des épis.
- Etat réalisé (mars 2023) – En amont du secteur d’intervention, hors de la zone bâtie, une nouvelle falaise pour le Martin-pêcheur a été réalisée. Celle-ci doit présenter une hauteur suffisante afin de permettre une nidification « hors crues » et empêcher les accès aux prédateurs.
- Le Martin-pêcheur pourra profiter de la falaise de remplacement ou des nichoirs mis en place parmi les enrochements à l’ancienne localisation des érosions. ©Caroline Legg